Quand la Beauté est évidence partageable
Oui, si j’avais à choisir l’artiste d’aujourd’hui la plus apte à œuvrer avec la totalité du monde, qu’il soit passé, présent, futur et de tous lieux sur cette terre … Je choisirai
Christine Fabre.
Car elle fait corps avec la terre, l’eau et le feu, mais aussi avec le minéral, le végétal, l’animal et l’humain bien sûr, pour faire naître ces vasques, ces creusets, ces vases canopes qui contiennent la folie des hommes, autant que leur raison d’être, d’aimer et d’espérer.
Elle est une créatrice de formes qui ne prétend pas à l’unique appellation « artiste », mais qui aime aussi celle de « potière », puisque c’est par là qu’elle est entrée en « Art », et qu’elle connaît la vertu de l’humilité en ce domaine.
C’est une artiste qui sait porter le « faire » au niveau d’un acte liturgique liant les pratiques ancestrales à la modernité technique, mais également qui pense, sent et agit avec le contenu, avec le tréfonds de l’être, avec le magma incandescent qui nourrit le vivant, de telle sorte que l’acte de création conjugue transcendance et incarnation.
« Archéologue de l’imaginaire », elle nous fait apparaître des objets, où l’utilitaire et le rituel sont indissociablement mêlés, où le quotidien rejoint l’intemporel et où le profane côtoie le sacré, pour la célébration d’une spiritualité commune à toutes les religions et à toutes les cultures.
Oui, les œuvres de Christine Fabre redonnent du sens, du contenu et de la légitimité à l’emploi du mot Beauté. Elles contribuent à la nécessaire restauration des valeurs esthétiques éternelles et universelles, par leur réinscription exemplaire de l’art dans la sensualité, dans l’évidence immédiate, et, par là, dans la réalité palpable et profonde de l’humain.
Par leur pureté et leur noblesse intemporelles, elles suscitent dans les regards qu’elles aspirent, la même fascination et le même respect, qui ont été éprouvés partout et de tous temps, pour les objets de culte. Elles sont des moments de communion entre les hommes pour le partage d’un même émerveillement.
Pierre Souchaud